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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 14:09

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Combattre n'importe quel argument dont la raison d' avoir été énoncé est la défense de tout ou partie du système qui nous exploite est une nécessité.

 

Un de ces arguments majeurs fait appel directement à la reconnaissance totale et la soumission qu'il faudrait apporter à notre monde pour le simple fait d'être encore en vie.

Il faudrait accepter ce monde dans sa globalité et son évolution, car bien qu'imparfait, il aurait de grands mérites. On y vivrait paraît-il mieux et plus longtemps, grâce à l'alimentation, grâce à la médecine, grâce à l'élévation générale du niveau de la vie, comme on dit.

 

« Les maladies infectieuses (respiratoires, sida, diarrhéiques, tuberculose, paludisme et rougeole représentent 90 % des décès par maladies infectieuses dans le monde) sont responsables dans le monde de 17 millions de décès par an, soit un tiers de la mortalité et 43 % des décès dans les pays en voie de développement (contre 1 % dans les pays industrialisés) ». source wiki-oms.

 

On entend plus causer de la dette des pays pauvres aux pays riches que de la dette historique des pays riches aux pays pauvres, épongée de guerre lasse. Ce qui sépare les 1 % ci-dessus des 43 %, ce sont bien des siècles de conquêtes, guerres, extermination, asservissement, contrôle ou tutelles dans le but d'exploiter pour son propre compte les territoires, les richesses et le travail des vaincus, vaincus toujours aujourd'hui confrontés à leur défaite, cantonnés à des appellations grossières et sociologiques de style tiers-monde.

 

Moi qui écris, et vous qui lisez cela, avons moins de chance a priori de mourir jeunes ou violemment que ceux qui nous permettent chaque jour de mourir vieux, lentement et assistés.

 

Ceux qui meurent le plus dans le monde, meurent du fait que l'accès à l'eau, au médicament, au confort, à l'alimentation saine ou pas, bref à la richesse produite, que cet accès donc leur est interdit, de manière structurelle et organisée.

C'est une conséquence directe et nécessaire à la notion d'inégalité, qui est notion concrète et un pilier du fonctionnement capitaliste.

Ceux qui pensent encore que l'on peut faire quelque chose pour ces pauvres gens (gens pauvres?) sans toucher à l'équilibre mondial qui fait les riches toujours riches se trompent, mais s'évitent la réflexion judicieuse ou la culpabilité nauséeuse.

Les pauvres mourant plus jeunes que les riches et faisant plus d'enfants, il faut mathématiquement et véritablement que plusieurs pauvres meurent jeunes ou presque pour que des plus aisés meurent vieux.

 

Donc oui, à dire le titre de ce texte, on s'approche d'une certaine réalité, à condition de vivre dans un pays développé, et à condition d'y représenter la partie la plus favorisée de la population, disons les 5 à 7 % les plus riches des 1 à 3 % de la population nationale. Donc oui, parlant pour soi-même dans ce cas là, c'est juste.

Mais, qu'on est dans les autres pourcentages, parler comme tout le monde, pour toute la population d'un pays dont on fait partie, au mépris des différences énormes de confort de vie dues à la classe à laquelle on appartient, différences qui influent énormément sur la durée et la qualité de vie et les raisons des décès, c'est pour soi-même mensonger.

Ne pas avoir conscience de sa classe c'est aussi laisser les riches profiter d'une vie en pensant, à tort, en partager certains avantages.

 

Pour mourir d'un accident du travail (ne parlons pas d'en souffrir à vie) il faut principalement travailler, et se retrouver dans les conditions d' avoir un accident grave.

Pour mourir d'une crise cardiaque quelques mois à peine après avoir pris sa retraite, il faut avoir, toute sa vie de travail durant, investi tant d'efforts et de sentiments, tant d'habitudes, construit sa sociabilité centrée sur le travail à tel point que son arrêt est un arrêt de mort.

Pour crever lentement d'une maladie professionnelle liée à n'importe quelle merde bassement ou hautement toxique, il faut devoir fièrement « mettre les mains dans le cambouis », alors qu'on les plonge longtemps dans du poison.

Pour signer à l'embauche une décharge en cas de suicide, il faut être acculé.

 

Quand n'importe quelle compagnie pétrolière engage des milices para-militaires, pour exterminer des dizaines de bouseux sans état civil, afin de les déloger de leurs terres avant de la pourrir avec des puits et des raffineries,le tout pour alimenter nos voitures en carburant plus les poumons de millions de personnes en cancer, l'OMS va t'elle classer tous ces malades et morts dans la catégorie « exploitation capitaliste » ?

Permettre au nom de presque tous que chaque année 10000 personnes meurent de maladie nosocomiale en France (ou maladie hospitalière) est-il plus réjouissant que le million de suicides annuels dans le monde ?

Est-il judicieux de se regarder le nombril en applaudissant des deux mains notre belle société, quand seule l'impuissance collective masque la fantastique aggravation de nos conditions de vies présentes et futures ?

Est-ce que, mieux vivre, c'est uniquement ne pas être très malade ou presque mort ?, ou peut-on prendre en compte le stress continu des fins de mois sans argent, voire des débuts de mois sans argent, le fait de devoir voler pour manger avec les risques que cela comporte ? Est ce que vivre des années avec la honte de mendier à l'Etat des miettes participe d'un mieux-vivre, qui plus est quand l'ensemble de la société vous considère comme un parasite ? Peut-on prendre en compte le fait de survivre péniblement dans un désert, près d'un patrimoine mondial végétal de l'Unesco, interdit à la colonisation, même pour les natifs du coin? Peut-on prendre en compte, dans mieux vivre qu'avant, d' être obligé de vivre en prison pour avoir tué son enfant autiste, son parent handicapé, parce qu'on n'en peut plus d'être seul et démuni pour s'en occuper? Ils vivent mieux que qui, les sans papiers du monde entier qui bâtissent les immeubles, stades, parking, maisons, barrages ...? Comment vivent-ils les travailleurs du tourisme, comme des chiens, ou pire ? Vit-on mieux, ou moins bien, quand on se prostitue à Bruxelles, lors des sessions parlementaires ? Manger des quantité énormes de poison, molécules pourries, surdosées en sucre et sel, c'est mieux manger que peu de choses saines?

 

Pour se persuader que l'on vit mieux qu'avant, il faut donc vivre dans un pays développé, par conséquent faire partie d'une minorité, et fermer les yeux sur le monde, et en profiter presque inconsciemment.

Pour vivre mieux qu'avant, il faut faire partie de la classe des exploiteurs et des nantis, qui vivent mieux que leurs homologues du passé, pour la raison qu'ils en ont les moyens, acquis sur notre travail, dont ils profitent consciemment.

 

Déjà cité dans ce blog, Georges Orwell a décrit très bien, dans son roman 1984, le fait de vouloir comparer une société à un quelconque état antérieur :

 

« Ce pouvait être vrai que le niveau humain fût plus élevé après qu'avant la révolution. La seule preuve du contraire était la protestation silencieuse que l'on sentait dans la moëlle de ses os, c'était le sentiment instinctif que les conditions dans lesquelles on vivait était intolérables et, qu'à une époque quelconque, elles devaient avoir été différentes."

 

On ne vit pas mieux qu'avant. On tombe malade, on se blesse et on meurt différemment. Et deux choses sont sûres :

 

La première est que l'on tombe malade et que l'on meurt de manière contrôlée, organisée, prévisible, de manière statistique. Et c'est là un aspect plus normal qu'ignoble. Parce qu'on n'échappe pas à sa condition, parce que ce système n'est pas un système chaotique mais organisé, géré, et qui dure, on sait à la louche à qui il va arriver ceci ou cela, et l'on tente d'infléchir, suivant ce qui tient lieu de frondes et suivant les perspectives financières, le cours de certaines tendances. Rien de plus. Les réels progrès scientifiques en médecine sont suffisamment chers pour être réservés à l'élite. Et c'est prévu ainsi.

 

La deuxième chose est que ce monde tue massivement. L'organisation du monde que nous construisons, pour l'essentiel d'entre nous malgré nous, élimine ou rend malade une quantité majoritaire de sa population, au nom du progrès et d'une évolution présentée comme inévitable voire souhaitable.

Travail, pollution, police, famines, stress, cancers, diabète, cardiopathies, radiations, accidents de la route, guerres qui sont toutes à rapporter au pouvoir et à l'argent : ces sources de blessures, de maladies et de mort sont induites par l'organisation sociale et économique du monde.

 

Remercier la société de tenter de nous en protéger est une folie. L'aider à le faire est un non-sens.

 

Notes sur les infections et conclusion : pour que le paludisme tue des centaines de milliers de gens par an uniquement sous les tropiques et essentiellement sous les tropiques pauvres, il a fallu essentiellement élever le niveau de vie des pays conquérants,pré-capitalistes et capitalistes, dans le mouvement logique d'appauvrissement des pays sub-tropicaux et africains exploités. Le DDT, qui a combattu la maladie, en même temps qu'il a pollué jusqu'à l'ignoble humanité et environnement, n'a finalement fait qu'isoler des éléments résistants et virulents du parasite responsable qui sévit encore.

Elever le niveau de vie de ces pays étant littéralement impossible sous le régne du capitalisme, le cordon sanitaire qui nous sépare de ce genre d'infection est en premier lieu un choix politique et délibéré, nécessaire à la survie du système et conséquence du système. Aujourd'hui, l'OMS n'a pas d'autres choix que de préconiser, trente ans après l'abondon du DDT, son retour, par pulvérisation dans les maisons, cabanes, et taudis du tiers-monde.

Il faut bien comprendre qu'une faible partie de la population laisse l'autre se faire massacrer par nécessité, dans un mouvement où, par le fait qu'elle se rend vulnérable à force de ne se confronter à presque pas de microbes, elle se condamne.

Mais de la même manière que nous savons fermer les yeux sur la géographie, nous savons fermer les yeux sur le temps. Demain n'importe pas au présent. La vaccination en est un exemple. La vaccination protège une population grâce à des taux élevé d'injections, en même temps qu'elle oblige les organismes infectieux à muter dangereusement, mais plus tard.

L'altruisme devra bien, et de manière dynamique, faire disparaître l'égoïsme, en même temps que seront attaquées fondamentalement les raisons et les conséquences à ce carnage qu'est notre exploitation, pour qu'existe autre chose.

 

Parce que les possédants ont toujours mis une ardeur violente à préserver leurs intérêts, il faudra certainement ne pas avoir peur de mourir pour laisser la place à une autre société que celle où la peur de mourir et l'égoïsme vain permettent le massacre de ses éléments les plus faibles.

 

 

Foutons leur sur la gueule et on vivra différemment que maintenant.

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Avant...

« Ce pouvait être vrai que le niveau humain fût plus élevé après qu'avant la révolution. La seule preuve du contraire était la protestation silencieuse que l'on sentait dans la moëlle de ses os, c'était le sentiment instinctif que les conditions dans lesquelles on vivait était intolérables et, qu'à une époque quelconque, elles devaient avoir été différentes."

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