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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 16:46

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Partons d'un bout, n'importe lequel. Les suicides (campagnes, Fukushima, télécoms, ouvriers, fonctionnaires...), ne sont pas à comprendre isolément. Les gens meurent parce que la société humaine se suicide. Les suicides ne sont pas que l'expression d'un désespoir personnel, mais surtout celle d'une impossibilité grandissante de vivre pour un nombre croissant d'entre nous. Un suicide est avant tout un problème collectif. Et il pleut des gens.

La maladie aussi est un problème collectif (comme le nucléaire, les droits nationaux du travail...), nous sélectionnons les bactéries (agroalimentaires, gestion pharmaceutique), renforçons les virus en les cantonant à des espaces restreints, accélérons les mutations biologiques consciemment ou accidentellement.

Bref, pour nous protéger chacun, nous acceptons de créer autour de nous un environnement social, législatif, biologique, ou physique, catastrophique. Et nous sommes donc de plus en plus vulnérables ; à mesure que nous acceptons l'idée d'une sécurité individuelle renforcée mais toujours plus menacée, nous nous détériorons collectivement, violemment, massivement. Air pollué, cancers ravageurs, conditions générales de vie et de travail atroces pour un très grand nombre qui s’accroît sans cesse : c'est un suicide collectif en continu.

Les catastrophes industrielles et nucléaires sont si fulgurantes et rapidement absorbées qu'elles nous laissent à peine une petite empreinte rétinienne diffuse, avant de nous brûler, plus tard, silencieusement et complètement tout le corps. Les catastrophes quotidiennes de déchètisation de la société, de pollution nécessaires, sont si lentes que la lumière de l'ignoble n'est même plus transmise au cerveau par la rétine, qui ne relaie plus grand chose, elles n' ont même plus le statut de catastrophe. Comme pour la crise, le caractère permanent de la catastrophe lui ôte son essence.

 

Le tiers-monde par contre, ce concept qui n'existe plus depuis qu'il augmente massivement et transgresse ses frontières originelles, lui se suicide peu.

Les bidons-villes, zones désertiques, zones de guerre économique, banlieues ravagées, zones marécageuses, zones dépeuplées, désindustrialisées ou industrialisables, sont toutes tellement au contact direct de l’exploitation primaire, de ses mouvements d'installation ou de reflux, de conquête et d'abandon, que leurs populations crèvent aussi, mais moins névrosées, moins cancéreuses, moins connes, moins accidentellement. D'une balle, ou de faim, d'un accident impliquant la police ou l'arméee, ou encore du sida. Plus jeunes en tout cas, puisque les instituts de statistiques, qui rendent leurs rapports à ceux qui peuvent les lire, sont formels : vous qui lisez cela avez moins de chance de mourir jeunes et violemment que ceux qui vous permettent chaque jour de mourir vieux, lentement et assistés.

 

Le fait que certains exploitent les autres est reconnu. Depuis longtemps. Ils le font pour devenir ou rester riches. Ils le sont immensément. On le sait depuis longtemps, certains par les livres, d'autres plus maladroitement et instinctivement, parce qu'ils n'ont pas le temps ni les moyens d'y réfléchir. Le fossé qui sépare les riches et les pauvres  est si grand que la classe moyenne ne peut pas traduire ce qui les sépare.

L’État était, est et restera le gardien de cette exploitation. Il empêche intelligemment et violemment les pauvres de se révolter, il permet aux riches de faire évoluer la société dans leur sens. Tout le monde le sait. Les bases sont simples. Les analyses, affinages, tentatives de décryptage, sont complexes, tantôt complémentaires, tantôt querelles de chapelle. Mais le constat n'est pas discutable.

 

Nous allons vers le pire, doucement, depuis longtemps. La société est organisée par et pour la jouissance égoïste d'un petit nombre, sur la souffrance terrible, et la mort, d'un grand nombre, ceux qui fabriquent, s'échinent, vivent mal et meurent de leur travail, de leur chômage, de froid, d'un flic, de noyade, de prison, de son mari, de faim, de chaud, de tout ce qui est possible.

Le racisme, le sexisme, l'égoïsme, sont, comme vecteurs fondamentaux de la division, des moteurs et des outils de cette guerre de classes. L'argent, par les avantages qu'il procure dans cette société ou tout doit se payer, est la plaie qui doit disparaître pour qu'existe autre chose. L'envie et l'égoïsme ne sont pas inhérents à la nature humaine, la puissance de ces ressentiments sont inhérents à l'existence de la valeur, de l'enrichissement des uns adossé à la dépossession des autres.

 

L’État, gestionnaire ou autre, doit disparaître, parce qu'il est né avec ce projet de contrôler pour exploiter le travail, qu'il a été construit pour et par les politiques, les patrons, les grands propriétaires ou industriels.

La démocratie doit disparaître parce qu'elle ce théâtre ridicule ou se passent les portefeuilles, les ministères, les connivences, les privilèges.

Le progrès social doit être accepté pour la seule progression ininterrompue que l'on peut constater depuis des siècles : les possédants nous tuent, nous rendent malades, nous déplacent à loisirs, ou nous maintiennent dans la misère, nous humilient, nous divisent, nous cultivent, nous éduquent à nous concurrencer, nous exploitent sans fin et toujours, pour vivre une vie dont ne sait même plus à quel point elle surpasse la nôtre.

Le politique obscène, la science assassine, l'exploiteur indécent, la valeur toute puissante. Tout doit rentrer dans un même sac, à coups de pieds, de poings ou de fusils.

 

Parce que rien, dans la société que nous avons construite, et qui surpasse le monde entier, ne montre de porte de sortie, si ce n'est nous mêmes. Nous, les laissés pour compte, avons à plusieurs reprises montré que nous pouvions nous exterminer dans de gigantesques boucheries, ou nous faire exterminer, mais aussi que nous pouvions mettre le doigt sur nos problèmes et tenter de les résoudre. Les révolutions ou tentatives, révoltes ou insurrections ont été nombreuses, jamais totales. Car jamais nous n'avons pu empêcher l’État et le capitalisme de se transformer.

 

Nous allons recommencer à nous battre, préparons-nous y. Certains le font plus violemment et massivement que d'ordinaire. Des États vacillent, certains tombent pour se relever, mais fragiles. Les riches arrachent là où il faut l'argent plus brutalement que jamais. Le ton se durcit.

Nous allons recommencer à nous battre autrement qu'entre nous.

Pour quoi allons nous nous battre ? Jusqu'à quand allons nous tenter de protéger une société qui profite à si peu ? Qu'avons nous à perdre ? Nous n'avons rien. Ne nous battrons-nous que pour nous-même, ou aussi pour la somme monstrueuse et historique de morts, de travail et d’humiliations accumulés ? Pour nos enfants ? Contre quoi nous battrons nous, si ce n'est contre l'exploitation, la propriété privée et l’État ?

Le problème n'a jamais été de savoir si nous avons besoin de dirigeants et de leur système pour ne pas nous comporter comme des "animaux livrés à eux mêmes". Notre problème est : comment font ils, ceux qui ont besoin de nous pour rester riches, pour arriver à nous faire nous comporter concrètement de la manière même qui est censée nous effrayez théoriquement ? La fameuse concurrence bestiale, la loi du chacun pour soi et du plus fort qui gagne, les comportements violents et égoïstes sont notre quotidien à toutes et tous et sont directement provoqués par le système capitaliste, et par lui seul. Et surtout notre problème est : comment nous défaire de cela?

Nous n'avons rien à perdre, tout à gagner. Nous voulons tout.

Nous allons recommencer à nous battre, tout nous y mène. Peut-être aurons-nous les moyens pour collectivement, mondialement, gagner une bonne fois pour toutes. Ne pas faire preuve d'ambition dans cette société serait un affront que mêmes les capitalistes ne nous pardonneraient pas.

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commentaires

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nonsstops@riseup.net

 

Avant...

« Ce pouvait être vrai que le niveau humain fût plus élevé après qu'avant la révolution. La seule preuve du contraire était la protestation silencieuse que l'on sentait dans la moëlle de ses os, c'était le sentiment instinctif que les conditions dans lesquelles on vivait était intolérables et, qu'à une époque quelconque, elles devaient avoir été différentes."

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